RDC : "S’il y avait la paix, je rentrerais immédiatement"
La République démocratique du Congo (RDC), 2ème pays le plus grand d’Afrique, est en proie à des conflits chroniques, principalement causés par la diversité et la richesse des ressources naturelles de certaines régions. Ces ressources suscitent aussi l’intérêt des voisins, alors que la RDC partage ses frontières avec pas moins de neuf pays : l’Angola, la République du Congo, la Centrafrique, le Soudan du Sud, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie et la Zambie.
Ces conflits ont lieu notamment à l'est, dans les provinces du Nord Kivu, du Sud Kivu et d’Ituri, depuis plus de 30 ans du fait de la présence de dizaines de groupes armés. Fin 2021, la réapparition d'un groupe armé latent depuis 2013, le M23, a encore augmenté le nombre d'affrontements.
Ces conflits poussent des populations entières à fuir leur localité d’origine. L’ONU estime à 7,2 millions le nombre de personnes déplacées dans le pays, ce qui met la RDC sur le podium mondial des déplacements forcés
Ces déplacés internes, comme le reste de la population, font face à une pauvreté chronique, à un taux de malnutrition élevé, à la récurrence d’épidémies, à une situation politique volatile, à la concurrence de groupes armés pour les ressources naturelles, ainsi qu’au changement climatique et aux risques naturels (éruptions volcaniques, tremblements de terre et inondations).
Les personnes font la queue pour aller au robinet d'eau dans le camp de déplacés de Kayembe au nord de la ville de Goma.
Cette situation sécuritaire s’est considérablement dégradée depuis la reprise du conflit entre les rebelles du M23 et le gouvernement en 2021.
"Les différentes crises auxquelles le pays est confronté ne font qu’envenimer la situation dans les provinces de l’est du pays, explique Landry Chualieu, coordinateur des urgences pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, basé à Goma, dans la province du Nord-Kivu. Tout cela entraîne d’énormes besoins alimentaires et en eau dans les zones où s’installent les déplacés".
L'EST DU PAYS EN QUELQUES DATES CLÉS
30 juin 1960
Le Congo belge accède à l’indépendance et devient la République du Congo.
24 novembre 1965
Mobutu arrive au pouvoir et renomme le pays Zaïre.
Juillet 1994
Suite au génocide rwandais contre les Tutsis, plus d’un million de Hutus et leurs familles fuient vers l’est du Zaïre (ex-Congo), notamment vers Goma ou même vers Mbandaka, à l’ouest du pays. Ils sont suivis par l’armée du FPR (Front Patriotique Rwandais). Laurent Désiré Kabila les accompagne pour mettre fin au régime de Mobutu en RDC.
1996-1997
La première guerre du Congo s’achève par la destitution de Mobutu. Laurent Désiré Kabila, qui prend le pouvoir, rebaptise le pays République Démocratique du Congo.
1997
Les rebelles congolais arrivent à Kinshasa, la capitale.
17 mai 1997
Laurent Désiré Kabila, leader de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo, s’autoproclame président du pays.
1998-2003
Deuxième guerre du Congo, durant laquelle des troupes des pays frontaliers (Rwanda, Ouganda, Burundi) entrent dans le pays pour mettre la main sur les ressources minières, notamment. Elles se retireront à la fin de la guerre. À l’issue de cette guerre, près de quatre millions de personnes ont trouvé la mort, selon les ONG, tuées dans les combats ou victimes de maladies et de la famine. Des millions de déplacés trouvent refuge dans les pays voisins du Congo.
16 janvier 2001
Laurent Désiré Kabila est assassiné, remplacé au pouvoir par son fils, Joseph Kabila.
2000-2001
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL commence à travailler en RDC avec les premières interventions à Butembo et à Béni, où des équipes se trouvent encore.
Mai 2012
Création du M23, un mouvement armé créé par des Tutsis pour tenter de chasser les génocidaires hutus du Rwanda, autour de la frontière entre les deux pays.
Décembre 2012
Le M23 prend le contrôle de Goma, la capitale du Nord-Kivu, puis se retire rapidement.
Novembre 2021
Le M23, qui s’était retranché dans des zones montagneuses de l’est du pays, revient sur le terrain et reprend les armes. Peu à peu, il prend le contrôle de nombreuses localités. Le M23 a notamment coupé les axes d’approvisionnement vers la ville de Goma, qui est désormais encerclée par une ligne de front autour de laquelle gravitent de nombreux autres groupes armés, ainsi que les forces armées congolaises.
Juin 2022
Le M23 prend le contrôle de la ville de Bunagana, dans le territoire de Rutshuru, à la frontière avec l’Ouganda et à proximité du Rwanda. Les routes d’approvisionnement vers la ville de Goma commencent à être coupées.
2023-2024
Avancée notable du M23 vers le nord et l’est du pays. Le mouvement tient presque l’ensemble du Rutshuru et du Masisi
29 juin 2024
Le M23 prend le contrôle de la ville de Kanyabayonga, considérée comme un verrou stratégique contrôlant l’accès au Grand Nord Kivu dans l’est du pays, notamment à Butembo, la plus grande ville du Nord-Kivu dans la région, ou encore à Beni.
LA CRISE HUMANITAIRE EN CHIFFRES
DE L'URGENCE À LA RÉSILIENCE, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL INTERVIENT AU PLUS PRÈS DU TERRAIN
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL intervient dans l’est de la RDC auprès des populations déplacées par les conflits armés, les catastrophes naturelles et les épidémies. Il s’agit majoritairement d’actions d’urgence, "car les gens ont vocation à retourner chez eux", explique Dorothée Béchaux, directrice pays RDC pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL procède à une veille humanitaire avec les communautés, pour mieux comprendre les chocs qui les touchent, afin de savoir où et comment intervenir. "Quand un mouvement de population survient, nous faisons face à trois besoins urgents : manger, boire et être à l’abri", résume Landry Chualieu, coordinateur des urgences. Les personnes qui doivent quitter leur logement, leur village et parfois tout laisser derrière elles du jour au lendemain se retrouvent dans une situation extrêmement précaire. Multisectorielle, l'assistance consiste d’abord en des distributions de cash aux personnes, pour qu’elles puissent subvenir à leurs besoins dès leur arrivée. "Ce type d’intervention doit permettre aux gens de se nourrir et d’acheter ce dont ils ont besoin pendant un mois", ajoute-t-il.
Dans le camp Kayembe, des personnes font l'entretien de leurs bidon avant d'aller chercher de l'eau.
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a aussi organisé des foires dans plusieurs territoires en Ituri. Ces marchés permettent aux populations d’entrer en contact avec des commerçants. Les articles et leurs prix sont fixés avec eux, en fonction du nombre de ménages qui en ont besoin. "Chaque bénéficiaire a une carte numérique, explique Landry Chualieu, et il peut l’utiliser chez les commerçants".
Sur les sites de déplacés de Rhoe et Komanda, ainsi que sur l’axe Gobi-Tché et les zones de santé de Fataki et Angumu, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a mené des opérations d’assainissement et d’adduction d’eau potable avec pompe photovoltaïque pour permettre un accès à l’eau en quantité suffisante. Elle a également réalisé la construction d’ouvrages d’assainissement, notamment des latrines et des douches d’urgence, des latrines semi-durables, ou encore, des trous à ordures. Cette réponse en eau, assainissement et hygiène vise à prévenir les risques de maladies hydriques, tout en assurant un accès digne et sécurisé aux infrastructures.
Dans les zones stabilisées, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL accompagne aussi le relèvement des populations vulnérables tout en renforçant leurs capacités à faire face à de potentiels chocs. Cela passe par un appui à la relance agricole et à l’élevage ou à la mise en place d’activités génératrices de revenus et d’associations villageoises d’épargne et de crédit. En l’absence de services de base fonctionnels, nos équipes accompagnent par ailleurs le développement des populations vulnérables en répondant aux besoins structurels tout en renforçant leur environnement. Nos actions portent enfin sur l’amélioration de la santé publique en apportant une réponse adaptée. “À Béni par exemple, certains réseaux d’eau que nous avons construits dans les années 2000 sont encore là”, témoigne Dorothée Béchaux. “Ils ont été entretenus par les personnes déplacées mais qui sont restées sur place. Ces infrastructures ont été reprises par la REGIDESO”, l’organisme chargé de la distribution d'eau potable sur l'ensemble du territoire congolais.
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, AGIR AU PLUS PRÈS

Renforcer la protection, l’autonomisation et la dignité des personnes

Alerte précoce et assistance d’urgence

Répondre aux besoins vitaux

Se relever après un choc

Un accès équitable et en toute protection aux services d’eau, d’assainissement et d’hygiène

Permettre aux ménages vulnérables de couvrir leurs besoins de base

Renforcer l’environnement de protection suite à une crise

Identifier et traiter les crises nutritionnelles

Renforcer la protection, l’autonomisation et la dignité des personnes exposées aux violences de genre

Renforcer l’accès à l’eau
Le Nord Kivu, un espace saturé
À GOMA, UN QUOTIDIEN RYTHMÉ PAR LA VIOLENCE DES GROUPES ARMÉS
Depuis 2021, la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, est encerclée par une ligne de front autour de laquelle évoluent une multitude de belligérants : le M23, qui a repris les armes il y a trois ans, mais aussi les forces armées congolaises, des milices d’autodéfense ou encore d’autres groupes armés venus de l’étranger. Depuis 2022, 1, 3 millions de personnes sont installées dans des situations très précaires autour de Goma. Et depuis le début de l’année, avec l’intensification des combats, plus de 230 000 nouvelles personnes se sont réfugiées vers des sites déjà saturés.
C’est le cas dans le site de Kayembe où, au milieu des tentes, posée par terre sur le feu, une petite marmite est en train de bouillir.
Beaucoup de ménages préparent leurs nourritures dans de petites marmites comme celle-ci.
"Le peu que nous recevions, nous devons désormais le partager", explique Amani Mugesera, qui relaie les actions de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL auprès de sa communauté. De quoi accentuer la famine qui sévissait déjà dans certains camps.
Les habitants vaquent à leurs activités quotidiennes dans le camp de déplacés de Rusayo à quelques kilomètres de Goma.
La ville de Goma, très densément peuplée par les arrivées de personnes déplacées au cours des décennies précédentes, est directement impactée par le blocage des routes et leur contrôle par les différents groupes qui s’affrontent. "Il y a des jeunes qui partent en brousse et qui tombent entre les mains de ravisseurs qui les retiennent là-bas. Ils sont parfois torturés, juste parce qu’ils sont partis chercher un moyen de vivre", poursuit Amani Mugesera.
Avec les guerres, les épidémies sévissent aussi. Depuis 2022, le choléra est réapparu dans la majorité des camps de personnes déplacées.
DES POPULATIONS CIVILES AUX BESOINS NOMBREUX
Une personne déplacée se réveille à 4h du matin, elle part à Goma et passe toute sa journée à quémander, pour répondre aux besoins des enfants.
"La sécurité alimentaire, l’eau et l’assainissement, et la protection des populations en général" sont la priorité explique Dorothée Béchaux, directrice pays RDC pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. Les femmes subissent particulièrement l’insécurité. "Si elles doivent aller chercher de l’eau loin de leur lieu d’habitation, elles risquent de subir sur le chemin des violences liées au genre (agression, viol)". SOLIDARITÉS INTERNATIONAL met donc en place des actions afin de "ramener ces points d’eau plus près" de chez elles, afin de leur éviter des déplacements qui les exposent aux violences.
Des personnes font la queue pour aller au robinet d'eau dans le camp de déplacés de Kayembe.
Sur le plan logistique, la ville de Goma et ses alentours se trouvent à proximité du volcan Nyiragongo, qui a connu plusieurs pics d’activité ces dernières décennies. Surtout, la présence importante de lave sous le sol complique l’installation des populations dans certains camps. "C’est très difficile par exemple pour monter des latrines, il faut attaquer le sol avec des pioches", indique la directrice pays.
"Depuis le début de la crise, les besoins n’étaient pas couverts. Avec l’arrivée de nouvelles vagues de populations déplacées début 2024, il y a un manque de ressources pour couvrir tous ces besoins qui se sont ajoutés dans différents sites", explique Séraphin Bwanakweli, coordinateur EHA de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. "Le peu de ressources qui étaient déjà sur place, notamment des ouvrages d'assainissement ou bien d’accès à l'eau potable, ne sont plus suffisants".
Kavira, déplacée dans le territoire de Beni en novembre 2023
Nous mangeons désormais deux fois par jour.
À cause des affrontements armés dans le Nord-Kivu, Kavira et sa famille ont dû se déplacer de Kavasewa au centre de santé de Kyondo, dans le territoire de Beni, province du Nord-Kivu. Avec très peu de ressources à disposition, le quotidien a été compliqué dès leur arrivée, en novembre 2023. "L’accès à l’eau est difficile, même s’il y a quelques bornes fontaines. L’accès à la nourriture aussi était compliqué quand nous nous sommes installés ici".
Avec son mari et leurs cinq enfants, ils ont pu bénéficier de l’intervention de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL via une carte numérique, une somme d’argent pour répondre aux besoins urgents, notamment alimentaires. "J’ai reçu 715 000 francs congolais (environ 227 euros). Grâce à cette assistance, notre famille peut prendre davantage de repas, nous mangeons désormais deux fois par jour. J’ai pu acheter des haricots, des matelas et des couvertures. J’ai également pu payer mes anciennes dettes, notamment les frais de soins médicaux et les frais scolaires pour deux de mes enfants qui étudient à l’école primaire", témoigne Kavira Ngumayiri Anuarite.
Kavira souhaite dans l’avenir développer une activité économique, un petit commerce pour vendre du poisson ou des légumes, comme elle le faisait avant de devoir quitter Kavasewa, sa localité d’origine.
Brigitte Maene, déplacée à Nzulo depuis le mois d’août 2023
Nous avons commencé à faire la queue aux toilettes.
L’arrivée soudaine de nouveaux déplacés depuis le début de l’année a aussi provoqué de nouveaux besoins pour les populations qui avaient déjà trouvé refuge dans les zones d’intervention de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. Au moment de cette deuxième vague, les toilettes existantes n'étaient plus suffisantes et les personnes étaient obligées de faire la queue. "Des personnes utilisent de l’eau sale, parfois certains ont des infections. Des femmes ont aussi été violées alors qu’elles partaient chercher de l'eau".
Amani Mugesera, membre de l’équipe de relais communautaires du projet WASH de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL
Les décès liés au choléra ont diminué.
Les écoles et les églises, qui pouvaient être utilisées pour accueillir les populations déplacées dans certains camps n’ont plus suffi face à l’afflux de nouvelles personnes. Des camps informels sont aussi apparus, sans eau ni toilettes. De quoi favoriser la propagation d’épidémies, alors que le choléra sévit depuis 2022 dans la majorité des camps de déplacés.
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL intervient pour améliorer les conditions de vie des personnes déplacées, à travers des projets d’urgence menés autour de Goma : fourniture d’eau potable, de kits d’hygiène, de douches, latrines, trous à ordures ou encore assainissement d’urgence.
"Les latrines installées par SOLIDARITÉS INTERNATIONAL nous ont beaucoup aidés, parce qu’avant nous pouvions enregistrer 5 ou 6 morts du choléra par jour. Mais depuis que SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a construit des latrines, les décès liés au choléra ont diminué", constate Amani Mugesera.
Nos équipes sensibilisent aussi aux bonnes pratiques d’hygiène afin de prévenir et de réduire les risques de maladies liées à l’eau autour de Goma.
République démocratique du Congo | Se déplacer à Goma
L'Ituri au cœur des crises
L’Ituri est en proie à un "conflit intercommunautaire de longue date entre les deux ethnies Hema et Lendu", explique Dorothée Béchaux, directrice pays pour la RDC. Ce conflit a repris en 2017 après une quinzaine d’années de paix fragile, faisant plusieurs milliers de morts en Ituri. Les combats et les représailles qui opposent ces deux groupes frappent souvent les villages où vivent les civils, et ont fait exploser le nombre de déplacés en Ituri, alors que cette province est par ailleurs prise en étau entre les crises qui persistent dans les régions voisines.
"C’est l’un des endroits où il y a le plus de déplacés", ajoute Dorothée Béchaux. Environ un tiers des 5,7 millions de personnes déplacées dans l’est de la RDC le sont en Ituri. Rien qu’au début de l’année 2023, un peu plus de 500 000 civils ont dû trouver refuge hors de leur localité d’origine, au sein de la province.
Le camp de Kibonge.
"Les conflits provoquent des déplacements de populations importants, et nos équipes s’y adaptent, décrit Dorothée Béchaux. Dans le camp de Rhoe, qui existe depuis presque deux ans, beaucoup d’aide humanitaire a été déployée. Les personnes déplacées sont arrivées très nombreuses, dans des endroits où il n’y avait rien. Une fois que la situation se calme dans leur localité d’origine, les gens retournent chez eux. Parfois, ils vont et viennent pour retourner dans les champs qu’ils ont pu garder".
Ainsi, près de 700 000 personnes se sont aussi installées dans le territoire de Djugu, et plusieurs milliers à Bunia. "S’il y avait la paix, je pourrais immédiatement rentrer d’où je suis venue. Là-bas, au moins, j’avais une parcelle, même si on a brûlé ma maison, au moins j’ai des champs. Mais ici, je n’ai ni maison ni terrain. J’habite sous cette bâche, juste parce qu’il n’y a pas de paix", témoigne Bernadette Ami Aneno, déplacée dans la zone de santé de Komanda depuis mai 2023.
DANS UNE SITUATION PAREILLE, QUELLE AIDE APPORTER ?
“Le principal défi pour les populations déplacées dans l’Ituri est la famine”
Présente dans la province de l’Ituri depuis 2019, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL améliore la sécurité alimentaire et l’accès aux services d’eau, d’assainissement et d’hygiène dans les camps de déplacés.
La province fait aussi face au manque d’eau. On estime qu’à peine plus de 4,5% de la population a accès à l’eau potable en Ituri, et que seulement 17% des ménages ont accès à des installations sanitaires améliorées.
"Les personnes déplacées s’installent soit dans des camps soit dans des zones déjà habitées par certaines communautés, qui doivent donc les accueillir. En général, il y a de la solidarité entre les populations hôtes, qui sont parfois en situation de grande précarité, et celles qui arrivent", note Dorothée Béchaux.
Un déplacé en train de construire sa nouvelle cabane sur le site Anglican.
Les populations déplacées manquent aussi d’infrastructures pour avoir accès à l’eau et à de bonnes conditions d’hygiène. Serge Marounga , chef de projet, pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL , précise que "lorsque les gens arrivent dans un camp de déplacés, ils n’ont ni latrine, ni douche, ni système de gestion des déchets. Cependant, avec l’arrivée des humanitaires, des infrastructures sont construites et des points d’eaux sont installés pour améliorer, pendant les premiers mois, la situation en matière d’eau, hygiène et assainissement dans les sites".
"Au sein des communautés d’accueil, nos équipes réalisent un diagnostic pour voir à quels endroits des infrastructures et des sources peuvent être aménagées pour augmenter le débit de l’eau, explique Landry Chualieu, coordinateur des urgences pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. C’est comme cela qu’on protège les communautés."
Sur le terrain, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL fait aussi face à de nombreux défis logistiques. "Les routes sont peu sûres, la présence des groupes armés s’ajoute au manque d’infrastructures routières. Parfois, nos équipes sont coincées dans d’énormes bourbiers, et les véhicules se retrouvent bloqués pendant plusieurs jours, plusieurs semaines. À cause de l’état déplorable des routes, tout est plus long, plus compliqué", décrit Landry Chualieu.
David TIBASIMA BOJA, déplacé depuis Beni
Avec le nombre de déplacés dans le camp, l'eau n'était plus suffisante.
"Quand nous sommes arrivés ici, nous avons vécu sans nourriture. Les gens devaient se déplacer entre 7 et 14 km pour chercher à manger", se souvient David, responsable du camp de Kibonge, à Komanda. Il ajoute : "Avec le nombre de déplacés dans ce camp, la quantité d’eau n’était plus suffisante. Pour cette raison, nous avons demandé de l’aide pour étendre le réseau d’eau".
Bernadette Ami Aneno, déplacée dans la zone de santé de Komanda depuis mai 2023
Sans l'intervention de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, il n'y aurait pas de latrines ici.
Déplacée dans la zone de santé de Komanda, Bernadette Ami Aneno confirme : "Sans l’intervention de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, il n’y aurait pas de latrines ici, et nous serions déjà contaminés par plusieurs maladies, comme le choléra. Nous sommes protégés, également parce que les déchets sont gérés et que nous pouvons nous laver les mains. Je dois dire merci, ne serait-ce que pour pouvoir boire de l’eau potable, que nous n’avions pas avant. Nous en souffrions vraiment car nous devions puiser loin d’ici."
République démocratique du Congo | Se déplacer à Goma
J’étais dans le Sud-Kivu en 2014. La situation était moins terrible qu’actuellement, précise Dorothée Béchaux. Les conflits persistent et s’étendent, avec des belligérants et des groupes armés toujours plus nombreux.
L’est de la RDC reste le théâtre de déplacements massifs de populations qui tendent à s’étirer dans le temps. Malgré la prégnance des menaces, construire l’avenir dès à présent grâce à des actions de développement est indispensable. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL s’engage auprès des populations congolaises afin d’œuvrer dans cette direction.
Rendez-vous sur notre site internet pour en savoir plus sur les actions de nos équipes en République démocratique du Congo
Crédits
© Guerchom Ndebo / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL pour la vidéo d’ouverture et toutes les photographies au Nord Kivu
© Jack Muhindo / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL pour toutes les photos en Ituri
Dossier réalisé par SOLIDARITÉS INTERNATIONAL et Camille Marigaux