«On est partout»: contre-cartographie de Montréal/Tiohtià:ke
À l'automne 2020, un groupe de 7 jeunes Autochtones ont participé à un processus visant à représenter et à analyser leurs espaces urbains.
Reconnaissance territoriale
Nous reconnaissons que Montréal est située en territoire autochtone non cédé. Tiohtià:ke est son nom en kanien’kéha et l'île est appelée Mooniyang en anishnabemowin. Ainsi, les Nations Kanien’kehá:ka et Anishnabe ont une relation importante, historique et contemporaine, avec ce territoire. Située au cœur d’un vaste réseau de voies navigables, mais entourée de rapides extrêmement difficiles à naviguer, Tiohtià:ke / Mooniyang / Montréal est historiquement une escale importante pour les nombreuses Nations qui traversent la région. C’est donc un lieu de rassemblement, d’échanges et de diplomatie et ce, bien avant son occupation par les colons européens. Nous reconnaissons aujourd’hui la présence continue de la Nation Kanienkehá:ka en ces territoires, son rôle dans l’histoire de la région et du fleuve Saint-Laurent, ainsi que la responsabilité qu’elle assume actuellement comme gardienne des terres et des eaux sur lesquelles se trouve Montréal. Nous reconnaissons aussi qu’une diversité de personnes des Premières Nations, Inuit ou Métis, incluant de nombreux jeunes, ainsi que des personnes autochtones de toutes les Amériques (ou Abya Yala) et au-delà, vivent à Montréal où elles construisent leurs propres territorialités et participent à la production des espaces urbains.
Le processus
Cette carte narrative présente le processus de recherche mené avec ces sept jeunes Autochtones de Montréal. Bien qu'elle soit ponctuée de la parole des participantes, il ne s'agit pas de présenter les résultats de leurs réflexions, mais bien la démarche participative qui nous a permis de co-créer de nouvelles connaissances concernant leurs relations dans et avec la ville. Le travail de recherche se poursuit, les résultats seront disponibles sous plusieurs formes. Les participantes ont insisté sur l'importance qu'elles accordent à redonner à la communauté et sur le fait que la cartographie développée collectivement à travers ce processus doive servir à la communauté autochtone de Montréal / Tiohtià:ke / Mooniyang.
Un processus participatif de (ré)appropriation territoriale
Cette série virtuelle d'ateliers de contre-cartographie pour jeunes Autochtones de Montréal visait à représenter les récits, expériences et connaissances des jeunes Autochtones en relation avec l'espace urbain. La cartographie participative permet de partager des récits, expériences et connaissances tout en provoquant l'analyse collective et la cocréation de nouvelles connaissances et perspectives sur la ville.
Affiche promotionnelle des ateliers
À travers la représentation de leurs expériences et connaissances, les jeunes ont pu réfléchir à comment leurs pratiques sociospatiales s'inscrivent dans le tissu urbain et comment elles transgressent les structures et représentations coloniales de l'espace montréalais. Les jeunes Autochtones ont été invitées à créer leur propre représentation de la ville, d'abord individuellement, puis collectivement.
Changement en 2019 du nom de la rue Amherst pour la rue Atatekan, signifiant «fraternité et sororité» en langue kanien'kehá:ka
Dès les premières rencontres, les jeunes ont fait ressortir l'importance de créer un outil qui serait utile à la communauté autochtone de Montréal, notamment aux jeunes qui y migrent et doivent y trouver leur place tout en faisant face à de nombreux enjeux liés à la colonialité de l’espace urbain et aux violences qui en découlent.
Les étapes
Présentation du processus collaboratif
Cartes mentales : les représentations individuelles de la ville
Dans un premier temps, et après une courte présentation sur la contre-cartographie et le concept de territorialité, les participantes ont réalisé des cartes mentales individuelles de leurs espaces urbains.
Les participantes ont choisi de représenter parfois des émotions rattachées à des expériences vécues à Montréal (Carte émotionnelle des expériences vécues à Montréal - crédit Alex Apak Cousineau, Inuk du Nunavut).
Ou encore certains lieux importants pour elles, ainsi que les relations entre ces lieux.
D'autres ont présenté leur arbre généalogique en le rattachant à différents lieux de la ville et à des personnes associées à leur trajectoire de vie. D'autres encore ont réalisé une cartographie symbolique du soi où apparaissent des parcours liés aux rêves, aux projets et à la vie professionnelle. Dans une autre carte, la superposition d'images de lieux, d'événements, d'organisations et de symboles représentait le parcours d'épanouissement, d'affirmation de l'identité culturelle et de genre d'une participante.
Cette étape a permis aux participantes d'approfondir leur réflexion concernant leur relation à la ville, les espaces qui sont importants pour elles et les relations tissées dans ces espaces. Le partage de ces cartes mentales a permis de pousser la réflexion plus loin, de prendre en considération les parcours, expériences et perspectives des unes et des autres.
De l'individuel au collectif : quoi et comment cartographier
Attention: Les étapes représentées ci-dessous ne sont pas des résultats de notre projet, mais bien un processus de réflexion.
L'étape suivante visait le passage d'une réflexion individuelle sur les territorialités de chacune, vers une réflexion collective de ce que le groupe souhaitait cartographier et comment. Une première activité permettait d'identifier les éléments clés des cartes individuelles.
À partir de ces éléments, une seconde activité visait la prise de décision collective quant à ce que les participantes souhaitaient représenter sur la carte collective et comment elles souhaitaient représenter ces éléments.
Plusieurs couches, que l'on peut faire apparaître ou disparaître, ont été insérées à la carte collective. Elles représentent différentes dimensions des réalités et expériences de la ville. Des discussions ont donc portées sur la définition de ces couches et des éléments qui les composent.
Vers une cartographie interactive
Pour pouvoir créer cette carte avec différentes couches, nous avons exploré diverses plateformes. Nous voulions une plateforme qui permette un travail collaboratif (où chacune pourrait ajouter des éléments) et où il serait possible d'inclure, pour chaque lieu ou trajectoire, des images, des vidéos, du son et/ou du texte. Finalement, c'est sur l'outil MyMaps que notre choix s'est arrêté.
Cette carte et les éléments (images, vidéos, textes) qui y sont associés demeurent la propriété des participantes et ne sont pas, pour l'instant, d'accès public. Le processus de recherche se poursuit sous d'autres formes afin de rassembler d'autres récits, expériences et connaissances pour enrichir les analyses collectives. Un comité est en cours de formation pour décider comment, où, sous quelle forme et avec quel contenu la carte sera diffusée.
Description :
Carte «Mymap» obtenue à la suite des réflexions et des partages. Cette image est à titre indicatif; elle présente les lieux, trajectoires, icônes choisis, mais sans les descriptions, récits, images et vidéos qui les accompagnent.
Les thématiques
Portraits de personnalités autochtones par l'artiste Anatole Ste-Onge au salon Uatik de l'Université de Montréal
Sans entrer dans les détails de ce qui a été partagé lors des ateliers, il est possible de souligner quelques points importants des représentations que les participantes ont faites de leurs territorialités.
Les parcours identitaires
À travers des histoires liées à différents lieux, les participantes ont abordé les enjeux identitaires qu'elles y avaient vécu. Certaines ont mentionné leur difficulté à pouvoir vivre leur identité autochtone en milieu urbain, alors que d'autres ont affirmé y avoir (re)trouvé leur(s) identité(s). Dans les deux cas, des lieux de rassemblement représentaient d'importants catalyseurs de (ré)appropriation identitaire, en plus de fournir un espace communautaire souvent crucial.
Ces lieux et organisations, par exemple Montréal Autochtone, les associations pour étudiants et étudiantes autochtones des universités et cégep, le Wapikoni, Mikana, jouent un rôle important dans le développement ou le soutien de l'identité autochtone en milieu urbain.
« On habite Montréal. » - Myriam, W8banaki.
La communauté
Par ailleurs, les lieux, organisations et événements qui soutiennent l'affirmation identitaire hébergent aussi le sentiment communautaire. Les participantes ont souligné l'importance de la communauté autochtone de Montréal et son rôle crucial dans leurs parcours respectifs. Des lieux et événements qui permettent la transmission et le partage de la culture deviennent aussi des endroits où se rattacher à la communauté et où développer des relations. Les actions politiques, par exemple pour le climat ou en solidarité avec différentes revendications autochtones, aident aussi à s'ancrer à la communauté et à affirmer des identités. Les participantes ont insisté sur l'importance qu'elles accordent à (re)donner à la communauté et sur le fait que la cartographie développée collectivement doive servir à la communauté.
« Même si on est à l’extérieur des communautés, on a ce sentiment de communauté et d’entraide. » -Kijâtai-Alexandra
Marche pour le climat 27 septembre 2019, sentiment de communauté à Tio'tia:ke.
La présence
Un thème fondamental des échanges concerne la présence autochtone à Montréal. Les participantes ont souligné l'importance d'être visible, représenté.e dans l'espace, d'avoir des repères dans lesquels se reconnaître, comme personne autochtone. Ces repères peuvent prendre la forme de l'art public, des murales par exemple, de la toponymie, des événements ou des organisations, mais peuvent aussi se manifester par le fait de retrouver un livre ancien en atikamekw dans une collection de la bibliothèque de son université.
« L'Autochtone a toujours été là, il est encore là et sera toujours là. » - Oscar Kistabish (Aîné).
En plus de l'art public, la présence des artistes autochtones dans des lieux comme un café ou une salle de cinéma est une autre façon de rappeler l'expérience et l'imaginaire autochtone dans l'espace urbain.
« La chance qu’on a de croiser ces œuvres, de nous rappeler qu’on appartient aussi à la ville, qu'on est présents. Ces murales viennent rappeler aux gens : on est contemporains, on existe, il y a des réalités qui sont les nôtres. On mérite d’être célébrés. » - Myriam, W8banaki.

Scuplture ainé.e.s Mohawks

Murale "White Supremacy is Killing Me"

Murale ELLEN GABRIEL & MARY TWO AXE EARLEY

Murale Hoop Dance

Murale Hommage à Alanis O'bomsawin

Murale Justice for Missing and Murdered Indigenous Women

Murale Générations

Murale jeunes de Carpe Dorset

Faye Mullen + Jade Konwataroni: Dawn into Mourning
Toponymie
En plus des lieux marqués par des représentations de la présence autochtone dans la ville, les participantes ont souligné l'importance des éléments de la nature comme la montagne, le fleuve, les rapides, etc. Les noms de ces « monuments » ou géosymboles existent encore aujourd'hui dans les langues autochtones, notamment les langues anishinabewomin, kanien'kehá:ka et neherimowin (atikamekw).
01 / 03
1
Oka
«Ce n'est pas Oka, c'est Ogaa. Il y avait un endroit à Oka où le doré [Ogaa en anishnabemowin] frayait. C'est pour ça qu'on a appelé l'endroit Ogaa.» - Oscar Kistabish
note : en neherimowin «doré» se dit Okacic
2
Parc Tiohtià:ke Otsira’kéhne
Le lieu du grand feu
« Le parc Tiohtià:ke Otsira’kéhne est situé sur le sommet d’Outremont, sur le flanc nord du mont Royal. On y accède à pied par le chemin de ceinture derrière l’Université de Montréal ou par le boulevard Mont-Royal. Il a une superficie de 23 hectares » (montreal.ca)
Image: http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=7377,95273611&_dad=portal&_schema=PORTAL&id=23299&na=&ret=/pls/portal/url/page/grands_parcs_fr/rep_utilitaires/rep_actualites/coll_actualites
3
Atateken
« Atateken » (prononcé « a-da-dé-gan ») signifie « frères et sœurs », ou encore « groupe de personnes ou de nations avec qui l’on partage des valeurs »
Les célébrations
De plus en plus d'évènements célèbrent les cultures autochtones à Montréal. Que ce soit le festival international Présence Autochtone, le Pow wow de Montréal ou bien les semaines thématiques organisées au sein de certaines universités, il s'agit de moments forts permettant à la communauté de vivre les cultures et de les partager avec le public.
Matiu, artiste Innu lors de la semaine Mitig de l'Université de Montréal, 2019
Les défis d'être Autochtone à Montréal/Tiohtià:ke
Bien que plusieurs éléments positifs soient ressortis de cette cartographie, il reste que de « vivre qui on est, notre culture » peut être difficile en ville. Certaines participantes ont soulevé le manque d'espaces naturels et la difficulté de réaliser des activités liées au territoire.
« Je vais tout le temps aux extrêmes de Montréal, on dirait que c’est plus respirable. Dans le sens où c’est moins étouffé par les immeubles ou les blocs appartements. Partir d’un petit village de 1 000 personnes avec l’espace infini, pour un espace où il y a tellement de personnes, c’est un contraste parfois difficile. Avec le temps je suis capable, mais ça va toujours me manquer chez nous » - Janie Bellefleur-Kaltush
D'autres ont mentionné les commentaires négatifs, voire racistes ou les stéréotypes entendus dans divers lieux. D'autres encore, ont affirmé vivre une certaine déconnexion de leur culture, parfois depuis plus d'une génération.
« Avant un cours, j’ai entendu parler de ma communauté vraiment négativement, ça m’a frappé. » - C
L'histoire coloniale de Montréal
La première fois que j'ai vu cette sculpture, un sentiment de stupeur et de révolte m'a tout de suite habité. C'est les représentations que les gens en général ont des communautés autochtones même aujourd'hui. Les gens pense qu'on appartient à un autre temps alors que nous sommes-là. Ça me rappelle une fois au primaire, un de mes bons amis m'a affirmé que c'était impossible que je sois Autochtone, car selon lui les Amérindiens n'existaient plus.-C
Ainé lors de la dernière rencontre, en parlant de cette statue de Maisonneuve:
«Ça devrait être l'Autochtone qui est en haut, c'est son pays. C'est Maisonneuve qui est venu dans le monde autochtone.»
Finalement, certaines participantes ont soulevé l'aspect colonialiste de l'espace à Montréal et le manque d'information quant à l'histoire coloniale de Montréal. Une participante mentionnait avoir déjà organisé, pour des étudiant.e.s, un parcours de lieux marquant les relations coloniales à Montréal. Une autre participante avait assisté à une conférence, où un intervenant faisait l'histoire de la dépossession et du déplacement de la dernière communauté autochtone à avoir habité l'île, maintenant devenue Kanesatake. Dans les deux cas, les participantes soulignaient l'importance de connaître ces histoires et d'y répondre, justement, par une meilleure visibilité des récits, expériences et savoirs autochtone, bref par la valorisation de la présence autochtones dans la ville.
Les principes
Afin de respecter les protocoles autochtones de recherche, certains principes fondamentaux ont été mis en place pour ce projet de co-création de connaissances.
La participation d'un Aîné
Un des défis d'une recherche avec de jeunes Autochtones, et peut-être encore plus lorsque cette recherche se déroule virtuellement en contexte de pandémie, est d'instaurer un espace qui soit culturellement sécurisant. Pour ce faire, nous avons invité un Aîné, Oscar Kistabish, à participer aux ateliers. C'est lui qui a ouvert le processus et le résultat lui a été présenté à la fin. Il a ainsi pu apporter écoute et support aux participantes, en plus de nourrir nos réflexions collectives.
En tant que jeune Autochtone en milieu urbain, il m'est assez rare de vivre ma spiritualité avec d'autres personnes. Ces rares occasions qui s'offrent à nous, font un grand bien pour l'âme, surtout en ces temps où la solitude commence à nous peser. Les prières de l'Ainé et le fait de l'écouter en groupe, nous a tous, selon-moi, apporter un certain sentiment de paix.
L'Aîné anishnabe a vécu à Montréal dans sa jeunesse, il comprenait donc bien la réalité d'être un jeune Autochtone à Montréal. Il a pu offrir une prière d'ouverture, partager son expérience et formuler des encouragements aux jeunes. En plus de contribuer à un espace sécurisant, la présence de l'Aîné a permis des échanges intergénérationels importants. Les jeunes ont présenté leur carte à la fin du processus et l'Aîné leur a offert ses impressions. Il a terminé par un commentaire personnalisé pour chaque participante.
L'importance des relations et de la relationnalité
La relationnalité était au centre de la démarche. En plus de l'espace sécurisant et des relations intergénérationelles, le processus s'est construit en relation avec les jeunes et entre les jeunes, en créant une dynamique de groupe par des rencontres régulières centrées sur l'échange et le partage. Le temps pris pour interroger chacune sur sa semaine et son état général, pour les conversations informelles concernant certaines réalités ou l'actualité étaient nécessaires à la création d'une ambiance chaleureuse permettant le partage des expériences et des savoirs. Les moments de rires et de support ont été fréquents.
« En tant que participante, le climat convivial et amical facilitait selon moi la prise de parole et le dévoilement d'informations plus personnelles. Chacune se sentait à l'aise de partager un peu de son histoire avec les autres participantes, toutes étant à l'écoute des autres. Plusieurs éclats de rire et plaisanteries sont survenus au cours de nos quelques rencontres. S'en fut presque thérapeutique en ces temps de confinement ! »
Le partage
Ainsi, la mise en place d'un espace sécurisant basé sur les relations a créé un climat propice au partage. Prendre le temps de partager ses expériences et ses histoires est un élément fondamental du processus. Ainsi, les moments de partage des créations individuelles apportaient des réflexions collectives approfondies, qui en retour nourrissaient les réflexions et analyses des participantes. L'individuel enrichissait le collectif, et vice versa.
De plus, la notion de partage est aussi au centre de l'idée de créer une carte collective interactive et accessible en ligne. Les jeunes ont mentionné l'importance d'être généreux, de créer quelque chose qui servirait à la communauté autochtone de Montréal et plus spécifiquement à d'autres jeunes Autochtones. L'Aîné a aussi souligné la richesse des expériences et savoirs partagés par les jeunes, de même que l'utilité de cet exercice et l'importance de le partager avec ceux et celles qui vont suivre. Il se rappelait lui-même son arrivée à Montréal et à quel point tout était alors compliqué, même les déplacements en autobus.
Un processus participatif
Finalement, les principes de sécurisation culturelle, de relationnalité et de partage ont été fondamentaux pour la mise en place d'un processus qui soit participatif. Les décisions concernant ce qui allait être cartographié, comment et pourquoi ont été prises en groupe. Les participantes ont aussi défini collectivement les objectifs du projet : créer une cartographie utile et interactive qui serve à décoloniser les espaces urbains et à s'approprier de nouvelles territorialités. Certaines d'entre elles continuent d'être engagées dans le processus, qui se poursuit, au niveau de l'analyse et de la prise de décision.
Salon Uatik, signifiant «tanière» en Innu-aimun, à l 'Université de Montréal
Témoignage
Ayant eu d’autres expériences en recherche, je peux vous assurer que ce processus ne ressemblait en rien à ce à quoi j’étais habitué. Chaque atelier était convivial et nous avions hâte de nous rencontrer chaque semaine pour discuter. Ces ateliers nous offraient de précieux moments d’interaction, rares en ces temps hors du commun. Tant les réflexions que les fous rires étaient au rendez-vous.
À chaque rencontre, nous partagions des bribes de nos histoires en lien avec différents lieux de la ville de Montréal. J’étais captivée par le parcours de chacune et étonnée que nos récits, malgré leurs particularités, se rejoignent toutes à quelque part d'une manière ou d’une autre. Je me suis reconnue dans plusieurs expériences d'autres participantes. J’étais aussi étonnée que plusieurs aient côtoyé et «vécu» les mêmes endroits, mais de façons différentes pour la plupart.
Nous travaillons toutes dans le but que nos réflexions ne soient pas vaines et qu’elles puissent servir à d’autres, car comme quelqu’un l’a souligné lors d’une de nos discussions: dans nos cultures, redonner à la communauté est essentiel.
L’accompagnement que nous avons reçu de la part de l’Aîné était pour moi un baume sur le cœur. Ses réflexions et les commentaires qu’il apportait sur les nôtres nous ont permis de nous sentir plus sereines à certains moments. Les histoires qu’ils partageaient étaient remplies de sagesse et faisaient le pont avec nos cultures.
Bref, je ne retiens que du positif de cette expérience. La chaleur et la profondeur de nos discussions ont été pour moi un petit moment de ressourcement et de réflexion à chaque semaine. J’espère que d’autres personnes pourront vivre une expérience semblable en s’impliquant dans des projets de recherche. - C
Remerciements
Nous tenons à remercier les participantes pour leur engagement dans ce projet et pour le partage généreux de leurs savoirs et de leur temps. Sans ce partage de leurs histoires, expériences et visions, ce projet n'aurait pas existé. Certaines ont choisi d'être citées directement pour ce qu'elles ont partagé, d'autres ont préféré demeurer anonymes, nous avons respecté le choix de chacune. Kice mikwetc à l'Aîné Oscar Kistabish d'avoir accepté notre invitation et d'avoir accompagné les jeunes dans le processus. Il a su créer un climat chaleureux et sécurisant pour chacune d'entre nous et a pris le temps de partager avec nous un peu de sa sagesse. Ce projet de recherche s'inscrit au sein du réseau Tryspaces et bénéficie de son soutien et de ses ressources. Il est également financé par une subvention du FRQ-SC. Merci à toute l'équipe de recherche de la professeure Stéphane Guimont Marceau du centre UCS de l'INRS pour son engagement constant tout au long du projet.